Portfolio : CC's Conversions
CC's Conversions produit des armures uniques, mais le mystère demeure quant à savoir qui se cache derrière ses modèles emblématiques.

Ce portfolio a été initialement publié dans le magazine Jump Point 9.2.
QUI EST CC ?
Nombreux sont ceux qui se sont demandés qui est à l’origine du nom de CC’s Conversions, le fabricant de pièces d’armure créatives et personnalisées, connu pour sa façon effrontée d’embrasser la pop culture et son esthétique extrêmement irrévérencieuse. L’entreprise s’est d’abord fait connaître en incorporant librement des logos et des images de marques déposées dans ses armures modifiées. Cela lui a valu des fans et des poursuites pour violation des droits d’auteur, mais sa renommée et son acceptation par le grand public n’ont fait que croître. Malgré cette notoriété, la société privée s’est efforcée de préserver l’anonymat de ses propriétaires. D’abord par crainte de répercussions juridiques, puis par stratagème afin de renforcer le mystère grandissant sur l’identité du légendaire CC.
Les rumeurs sur l’identité de CC allaient du plausible au ridicule. Une des histoires les plus populaires (et communément admises) prétendait que CC était les initiales du fondateur secret du fabricant, tandis que d’autres affirmaient qu’il s’agissait du nom de la fille d’un designer dont les gribouillages sur ses concepts d’armures avaient inspiré certains des premiers modèles de l’entreprise. En 2948, Arbana Brumbaugh, une journaliste de l’Aremis Post, a convaincu ses rédacteurs en chef de faire une enquête poussée sur les origines de la société, au cours de laquelle elle a facilement démystifié les mythes les plus courants qui l’entouraient, mais n’a finalement pas réussi à identifier le véritable CC. Ce qui n’était au départ qu’un simple article s’est transformé en une obsession que Mme Brumbaugh a relatée dans son livre à succès À la recherche de CC. Grâce à son enquête minutieuse et approfondie, Brumbaugh a découvert que les gens se posaient la mauvaise question. Au lieu de demander “Qui est CC”, la question aurait dû être “Qu’est-ce que CC ?”.
STREET CRED
L’histoire de CC’s Conversions commença dans un petit magasin situé au bout d’une ruelle dans le quartier industriel de l’est de Fujin City. Lorsqu’elle fut ouverte en 2943, cette boutique n’était que la facette publique, car aucun travail de l’entreprise n’était effectué sur place. Il s’agissait plutôt d’une petite vitrine qui ouvrait à des heures inhabituelles et irrégulières pour vendre des modifications artistiques uniques apportées à des pièces d’armure aléatoires. L’esthétique élégante et subversive de CC fit rapidement l’objet d’un culte auprès des fans qui surveillaient la boutique à toute heure et allumaient le spectrum dès que l’enseigne caractéristique “CC’s” se mettait en marche. Dans son enquête, des années plus tard, Brumbaugh chercha à savoir qui avait loué le magasin avant CC’s et découvrit que l’un des précédents locataires était un professeur de l’école des arts de Fujin City nommé Andilar Bree. Bien que le professeur soit décédé depuis, des proches ont raconté que Bree avait des liens étroits avec un groupe d’étudiants qui, en 2941, avaient collaboré à une exposition scolaire appelée “Killer Pop Culture”, présentant des œuvres esthétiquement similaires aux premiers articles connus de CC’s Conversions. Brumbaugh retrouva l’un de ces anciens élèves qui, après avoir négocié certaines conditions, consentit à une interview.
L’homme, qui se faisait appeler “Mendo”, expliqua qu’un collectif de sept étudiants créèrent CC’s Conversions après l’école d’art. Il s’agissait d’une organisation informelle où les membres travaillaient individuellement sur des modifications artistiques d’armures et de casques d’occasion qu’ils trouvaient dans des boutiques de revente ou de sites de récup. Au départ, les pièces n’étaient destinées qu’à être portées par eux-mêmes, mais face à l’afflux de demandes émanant d’amis et de connaissances, le groupe commença rapidement à vendre les armures. Le véritable secret de leur succès en matière de modification était un programme avancé créé par un membre qui se faisait appeler “Epoch”. Le logiciel prenait le scan d’un objet, comme un casque, et permettait rapidement à l’artiste de prévisualiser les styles, les formes, les logos et même les portraits tirés d’une énorme base de données d’images pour prototyper un produit final idéalisé sans gaspiller de matériaux coûteux. Epoch appela son programme “Computational Crafting” ou CC en abrégé. Lorsque le collectif ouvrit sa boutique, il lui sembla approprié de nommer son projet en l’honneur de CC.
Bree, qui avait conseillé les élèves pendant son temps libre, proposa la boutique comme moyen de vendre leurs œuvres. Le groupe voulait que les acheteurs potentiels se concentrent sur les pièces elles-mêmes plutôt que sur leurs auteurs, et conclut un pacte selon lequel leurs identités individuelles resteraient incognito. Le mystère supplémentaire ne ferait qu’accroître la mystique de la boutique. Après l’ouverture, les ventes individuelles étaient décentes mais modestes lorsqu’une occasion rare se présenta pour le groupe d’étendre considérablement ses opérations. Un énorme lot de casques RSI était disponible à l’achat après qu’un détaillant d’armures local ait fait faillite. Il fallut réunir la quasi-totalité de leurs bénéfices pour les acquérir, mais avec un tel stock, ils étaient en mesure de fabriquer des centaines de pièces plutôt que la dizaine habituelle. Finalement, ce fut la suggestion de Mendo de les modifier pour qu’ils ressemblent à l’emblématique personnage de dessin animé Rory Nova qui convainquit le groupe que l’achat en valait la peine. Ce devint la première collection officielle de CC’s Conversions et elle se vendit rapidement.
Le procédé s’avéra si populaire et rentable que le collectif décida d’acheter en gros d’autres armures remises à neuf ou démodées et de concevoir des gammes autour de celles-ci. Avec ce changement de stratégie, le collectif cessa de modifier les armures à la main et ferma son magasin. À la place, les membres s’efforcèrent de trouver des armures à prix réduit, de mécaniser la production des modifications et de trouver des distributeurs, tout en assumant à tour de rôle la direction artistique de la conception. Chaque nouvelle ligne attirant de plus en plus l’attention, l’entreprise n’était plus un phénomène underground ignorable. CC’s Conversions devint un succès et une série de procès sur l’utilisation d’images de marques déposées suivirent.
DEVENIR RÉGLO
En tant qu’artistes indépendants, le collectif se sentait libre de puiser dans n’importe quelle source d’inspiration. Mais lorsque le groupe commença à attirer l’attention des médias sur son travail, les litiges menacèrent de submerger la nouvelle société. En outre, certains fabricants d’armures contestèrent la modification et la revente massive de leurs pièces. Heureusement, CC’s Conversions a pu légitimer ses activités en réglant les litiges par des paiements généreux ou des conditions favorables sur les futurs contrats de licence. Cette preuve de bonne foi convainquit d’autres entreprises de signer des accords de licence officiels avec CC’s pour profiter de son style branché et de son cachet culturel. La société réussit également à faire valoir devant les tribunaux que son travail était suffisamment différent des modèles de base pour ne pas constituer une revente, mais plutôt des œuvres d’art produites en série. Pendant cette période de transition, la société commença à produire des modèles totalement originaux, comme le casque Caudillo et l’armure Aves inspirée des Tevarins. Le succès de ces pièces d’armure sur mesure prouva que la société était capable de séduire le grand public par ses propres mérites artistiques.
Cependant, CC’s Conversions reste avant tout un fabricant d’améliorations d’armures mémorables avec une touche de culture pop. Leur modèle économique consiste toujours à acheter des armures à prix réduit, à y ajouter leur propre touche artistique et à ne jamais répéter un modèle, ce qui rend leurs armures populaires auprès des collectionneurs. L’entreprise a récemment collaboré avec le fabricant de sodas Fieldsbury pour une collection de casques inspirés de sa mascotte espiègle Dark Bear. Elle s’est même lancée dans la fabrication de produits tirés de vids à succès sur Spectrum, notamment deux casques hideux inspirés de la série “Parasite” et un autre basé sur le look effrayant du tueur en série Neville Lott dans “L’horreur de la colline”.
Bien que Brumbaugh ait révélé que le mystérieux CC était un programme informatique, la société n’a jamais reconnu publiquement cette affirmation. Les noms des personnes impliquées dans le collectif de l’école d’art ont été publiquement partagés par d’anciens camarades de classe après la publication de Brumbaugh À la recherche de CC, mais la société continue d’ignorer toute demande de confirmation de l’un d’entre eux en tant que propriétaire. Au lieu de cela, elle préfère encore laisser les fans deviner qui la dirige réellement et à quelle armure s’attendre pour la suite. Cette position ne surprend pas Brumbaugh, qui a fait admettre à Mendo dans son interview que “donner le nom de CC à l’entreprise était un moyen de mettre en avant l’art et non l’artiste. Peu importait l’auteur, seule comptait la qualité du produit final. Le but était de prendre quelque chose de familier pour tout le monde et de le refaire d’une manière à laquelle les gens ne s’attendaient pas. Et à bien des égards, nous avons réussi.” Aujourd’hui, les fans de CC’s Conversions qui attendent avec impatience la prochaine édition limitée d’armures sont d’accord.
À propos de l'auteur

Passionné de jeux vidéo, j'attends avec impatience Star Citizen et Squadron 42 ! Mais qu'ils prennent leur temps, hein ! 😉