Whitley's Guide - Vulture
Découvrez comment un cargo perdu transportant des métaux précieux et des œuvres d'art rares a inspiré le développement du Vulture.
Cet article a été initialement publié dans le magazine Jump Point 7.8.
Drake Interplanetary Vulture
LA CHASSE
La plupart des vaisseaux spatiaux ont une origine commune : ils sont développés selon des spécifications militaires ou conçus afin de répondre à un besoin du marché pour des civils ou des entreprises. L'histoire du Drake Interplanetary Vulture est différente : son développement est le fruit d'une chasse au trésor. Le 9 août 2895, le cargo Empire Slipper, battant pavillon terran, subit ce qui fut déterminé ensuite comme une cascade improbable de pannes système ayant entraîné l’apparition sur les consoles de la passerelle de données de navigation entièrement erronées. Erreur qui conduisit l'officier de navigation du Slipper à se diriger vers une ceinture d'astéroïdes dense, à proximité immédiate de la couronne d'une géante rouge. Un débris mit alors hors service les générateurs de bouclier du vieux cargo et exposa malheureusement l’équipage à une dose de radiations mortelles. L'Empire Slipper fut laissé à la dérive, sans que l'on sache sa position exacte. Le cargo étant connu pour transporter une grande quantité de métaux précieux et un lot d'œuvres d'art rares, il suscita un vif intérêt de la part des médias et fit l'objet d'une vaste opération de recherche et de récupération. Huit mois s’écoulèrent avant qu’un vaisseau de patrouille de l'UEEN n’identifie l'épave du Slipper dans la ceinture de débris irradiés, mettant fin aux théories du complot selon lesquelles le cargo aurait été détourné. Cependant, il apparut rapidement que la région était pratiquement inaccessible à tout vaisseau de récupération spécialisé suffisamment protégé pour survivre à l’opération. MISC, le constructeur du cargo, offrit une prime de dix millions de crédits à quiconque serait capable de récupérer l’enregistreur de paramètres de la boîte noire pour comprendre ce qui s’était passé.
Contre toute attente, le fabricant de vaisseaux spatiaux Drake Interplanetary vint à la rescousse. En quête de la prime et des droits de récupération de la cargaison du Slipper, une équipe d'élite se réunit sur Borea pour créer un vaisseau improvisé en mesure de résoudre ce problème particulier. Cette construction unique eut pour base le Vertical Landing Test 3 (VLT-3), un prototype de l’AS-1 Cutlass. Dépourvu de tout équipement de test, le VLT-3 devint rapidement une plate-forme spécialisée conçue pour atteindre l'Empire Slipper et récupérer sa cargaison. De lourds générateurs de boucliers remplacèrent une grande partie de la capacité de fret standard du prototype et une paire de bras télémanipulateurs polyvalents fut boulonnée à la proue. Le résultat ne ressemblait à aucun autre vaisseau en service à l’époque : un amalgame surprotégé et sous-alimenté, suffisamment petit pour naviguer dans le champ de débris tout en assurant la sécurité de ses deux membres d'équipage. De plus, le VLT-3 pouvait effectuer les opérations de récupération nécessaires à l'aide de ses bras externes sans avoir recours aux sorties extravéhiculaires, rendues impossibles par le niveau mortel des radiations.
Quatorze mois après la disparition de l'Empire Slipper, l'équipe d'essai de Drake commença les opérations de récupération à partir d'une station spatiale modulaire établie à la hâte et positionnée juste à l’extérieur de la zone de danger. Au cours de ses trente-six expéditions périlleuses, le VLT-3 pénétra autant de fois dans le champ de débris pour retirer soigneusement les enregistreurs de vol du Slipper, puis, un par un, les précieux conteneurs. Drake réclama et obtint les droits de récupération pour la cargaison et remit rapidement les enregistreurs de vol à MISC. Cependant, les dix millions de crédits promis ne se matérialisèrent pas, les dirigeants de Drake étant finalement poursuivis en justice pour la prime lorsqu'on découvrit qu'ils avaient secrètement ouvert les boîtes noires et copié leur contenu dans un vaisseau transporteur de données avant de les transmettre.
MODÈLES DE PRODUCTION
Le succès de la mission du VLT-3 ne profita pas seulement aux résultats financiers de Drake. La fascination du public pour le cargo perdu permit à la mission de récupération d'être largement diffusée et fut perçue comme un sursis pour la société, accusée de tirer ses profits de la piraterie. Pendant un certain temps, Drake apparut comme un acteur positif, bien que rustique, au moment même où le marché des petits vaisseaux spatiaux personnels avait le vent en poupe. Pour tirer parti de ce succès, la société envoya le VLT-3, avec sa peinture écaillée et la coque recouverte d'impacts de micrométéorites, en tournée promotionnelle dans des salons aérospatiaux et des musées à travers neuf systèmes.
L'enthousiasme suscité par cet exploit s'estompa bientôt et Drake se retrouva à nouveau au cœur d'une controverse. Le VLT-3 fut remisé alors que la société était à nouveau accusée de soutenir la piraterie suite à la destruction d'un MISC Hull D coordonnée par quatre Cutlass non immatriculés. L'entreprise ne sembla guère intéressée par le développement d'un vaisseau de récupération et préféra se concentrer sur le concept du vaisseau de commandement Caterpillar.
En 2932, un Reclaimer d'Aegis Dynamics, le General Dogsbody, réalisa la mission de récupération la plus rentable de l'histoire humaine lorsqu'il découvrit et récupéra un vaisseau générationnel du 22e siècle à la dérive dans l'espace lointain. L'équipage du Reclaimer devint millionnaire et y gagna une petite célébrité du jour au lendemain, tandis que l'événement suscitait un intérêt de plus en plus grand pour les missions de récupération spatiale, Cet intérêt connut un essor fulgurant et des équipages commencèrent à mettre de l'argent en commun pour acheter leur propre Reclaimer, si bien que les dirigeants de Drake réalisèrent qu'ils avaient déjà une option plus attrayante à leur disposition.
Une équipe d'ingénieurs aérospatiaux dirigée par Sod Perkins, concepteur interne de Drake, commença à développer le concept du VLT-3 pour en faire un vaisseau de récupération autonome. Bien que le nouveau modèle ait été construit à partir de zéro et n’ait pas nécessité pas les lourds boucliers de l'original, son agencement général et ses fonctionnalités restèrent étonnamment similaires à ceux du prototype. Les premiers bras manipulateurs furent remplacés par ce que Drake finit par appeler des Rippers - des bras de récupération autonomes soutenus par un rayon tracteur Lariot et des décapeurs Tomium. Ces bras devaient permettre au vaisseau (bientôt baptisé Vulture) d'identifier, de déplacer et de découper les débris spatiaux, puis de les stocker dans sa soute arrière. À l’instar du VLT-3, le Vulture de série fut conçu autour de commandes embarquées plutôt pour des sorties extravéhiculaires. La jauge de l'équipage fut réduite de deux à un membre, renforçant l'idée qu'un unique pilote pouvait faire fonctionner un Vulture et éventuellement faire fortune comme l’avait fait l'équipage du Dogsbody. Une petite section habitable à l'arrière permettrait au récupérateur solitaire de supporter de longs voyages, les sites d’épave étant rarement situés à proximité de routes spatiales fréquentées. Enfin, le Vulture était équipé de propulseurs de manœuvre et d'un générateur de bouclier surdimensionné lui permettant d'effectuer des mouvements prudents, impossibles pour de plus grands vaisseaux comme le Reclaimer.
Drake présenta le Vulture pour la première fois en 2938 avec un marketing rappelant le succès du VLT-3, y compris par le nom stylisé du vaisseau spatial en VuLTur3 dans certaines publicités. L'intérêt du public pour la récupération et la soif de fortune personnelle ne faiblit pas et les commandes dépassèrent rapidement la capacité de production de Borea. En l'espace de huit mois, Drake fut contraint d'ouvrir deux usines éloignées pour répondre à la demande. Bien que la société ait été vivement accusée par la concurrence de faire des promesses exagérées aux capitaines inexpérimentés quant à la possibilité de réaliser d'incroyables profits, le Vulture connut immédiatement le succès avec les découverte et récupération de plusieurs épaves très médiatisées : entre autres, un Genesis Starliner que l'on croyait détruit depuis longtemps et deux Hull A entrés en collision, qui s'étaient écartés de leur route de manière inattendue. Ces histoires firent grand bruit et suscitèrent un intérêt constant pour le Vulture.
En 2941, Drake lança le premier modèle mis à jour du Vulture. Alors que la première version civile n'était pas du tout armée, le modèle de 2941 fut équipé d'une paire de supports pour armes de taille 1, ce qui séduisit les pilotes devant naviguer dans des zones peu sûres et inexplorées de la galaxie. En 2943, la Navy de l’Empire uni de la Terre réquisitionna 300 Vulture pour des opérations de soutien sur les champs de bataille. N’étant pas destinés au combat, les versions militaires ne furent pas renforcées et ne disposèrent pas d'armes supplémentaires. Ces vaisseaux commencèrent à être livrés l'année suivante, où ils furent immédiatement intégrés dans les flottes en tant qu’unité de soutien pour nettoyer les vaisseaux détruits à la suite des batailles toujours plus fréquentes contre les Vanduuls. Drake a poursuivi le développement de la version gouvernementale du Vulture, en prévision des batailles navales à grande échelle qui ne feront qu’augmenter en nombre et en intensité dans les années à venir. La mise à jour civile la plus récente a été effectuée en 2949, avec l’introduction de la cabine allongée désormais standard, qui augmente la capacité de chargement interne de 8 à 12 SCU. Drake propose actuellement une mise à jour peu coûteuse pour les Vulture plus anciens afin de les porter à peu près à la même capacité - un processus similaire a été mis en place pour ajouter des supports d'armes à la version initiale de 2938.